LE REGNE ANIMAL


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LE REGNE ANIMAL

 

Le règne animal est caractérisé par une grande profusion de variétés de formes et d'individus. Dès l'Antiquité, les savants essayèrent d'établir une classification dans ce qui semblait être un désordre inextricable. Mais par un étrange paradoxe, alors qu’ils ignoraient l'existence de l'immense majorité  des espèces, ils se plaisaient à inventer des animaux fabuleux afin de donner corps aux récits mythologiques que l’imaginaire et le fantastique devait les pimenter. Le chimérique et le fabuleux étaient déversés à pleines mains, car il captivait l’attention des gens crédules. L’obscurantisme et l’ignorance étaient propices pour avaler toutes sortes de couleuvres.  Les conteurs et les radoteurs en rajoutaient selon les circonstances, en greffant des parties d’animaux sur d’autres, dans une sorte de monstrueux cocktail anatomique. Ainsi des animaux légendaires naissaient au gré de l’humeur et d’une inspiration débordante. Voici quelques exemples de ces animaux de ces animaux chimériques : le centaure, cheval à torse et à tête d’homme, le cerbère, chien à trois têtes et de nombreuses autres extravagances, dont l'existence était tenue pour assurée, du moins pour certains d'entre eux, jusqu'au 19ème  siècle !  

Leur harmonie corporelle bien que fantasmagorique, était néanmoins constituée d'un assemblage hétéroclite d'organes de plusieurs espèces bien réelles. Ce « montage » insolite a trouvé une justification chez le philosophe grec Empédocle qui prétendait que les parties d’animaux : têtes, pattes, tronc, etc., naissaient en premier dans la nature, avant de venir s'adapter à d'autres organes qui se formaient ailleurs. Les bœufs à tête d'homme, par exemple,  naquirent de cette façon. De même que les sirènes, les dragons et d’autres animaux mythiques. La porte était ouverte à toutes les mystifications.

La littérature grecque n’était pas seule à emprunter  ses modèles au bestiaire mythologique. La Bible prête une existence bien réelle à quelquesmonstresfabuleux. Plusieurs passages de l’Ancien Testament sont consacrés à ce sujet.Le Livre de Job (41) décrit « le crocodile ou grand dragon, qui fait jaillir la lumière lorsqu’il éternue et dont le regard est flamboyant comme l’aurore. Il est doté d’une gueule d’où s’échappent des langues de flammes, des gerbes d'étincelles... » Et le reste à l'avenant.Lespsaumes (74.13) évoquent « Le dragon aux têtes multiples et le Léviathan, dragon marin, inventé pour jouer avec Dieu ! »  (Dans ses moments de cafard, peut-être ?) (104.26)

Même une espèce bien réelle comme l'hippopotame est  dotée d'une queue puissante comme le tronc d'un cèdre. Ce qui  laisse rêveur et incite à croire que les rédacteurs en question n’avaient jamais eu l’occasion d’apercevoir les animaux qu’ils décrivent ; autrement, leurs récits auraient été plus conventionnels et surtout plus proches de la réalité. La mythologie pas plus que la Bible n'avait l'apanage des créatures fabuleuses, les scientifiques y contribuèrent aussi de leur talent. Au premier siècle, le naturaliste latin Pline l'Ancien, signalait dans sa monumentale « Histoire Naturelle » (37 volumes), l'existence du basilic, autre monstre imaginaire, issu d’un œuf pondu par un coq et couvé par un crapaud « qui brûle les herbes et brise les pierres, tant son venin a de la force. » Les anciens lui attribuaient le pouvoir de tuer par son seul regard. Alors qu’en réalité, le basilic est un paisible saurien, semblable à l’iguane,  dont les indigènes trouvent la chair succulente !

Si Aristote avait recensé plus de cinq cents espèces d'animaux et entrevu l'intérêt de la classification, par contre, le théologien et philosophe allemand Albert le Grand (1193-1280), croyait toujours, 16 siècles plus tard, à l'existence de la licorne (cheval possédant une corne). Ainsi,  grâce à son prestige et à sa renommée,  la licorne figurera en bonne place dans l'inventaire ces animaux et restera classée jusqu'au 17ème  siècle,  dans l'ordre des solipèdes avec l'âne, le cheval et le zèbre !

Il est utile de rappeler qu’Albert le Grand,  avait écrit à la demande du Pape Alexandre IV, un ouvrage intitulé : « De unitate intellectus contra Aver­roïstas », où il s'attacha à construire un mythe sur « l'erreur des Arabes »,  particulièrement à travers leurs commentaires des œuvres d'Aristote. Sous le prétexte de réfuter l'analyse et les prises de position d’Averroès (Ibn Rushd),  il élargit ses attaques à l'ensemble de la civilisation arabe et musulmane. Seulement, comme le reste de l'Europe. Albert le Grand n'avait pu connaître la pensée d'Aristote qu’à 'travers les traductions et commentaires réalises par les Arabes, qui furent traduits par la suite en latin. N'ayant jamais eu accès aux sources originales, son jugement ne pouvait que refléter la médiocrité et le parti pris des sentiments qui l'animaient. En effet, sur les recommandations du Pape Alexandre, Albert le Grand visait plus à détruire l'essor de la brillante civilisation arabe qui subjuguait et « menaçait » l'Occident chrétien qu'à synthétiser l'œuvre de ses penseurs. Ce qui n'était pas du reste, à la portée du premier philosophe venu, fut-il et peut-être surtout, parce qu’il est doublé d'un théologien, dont les référents laissent à désirer.

Dans le domaine de la zoologie,  Albert le Grand,  dont la grandeur était toute relative,  puisqu’il avait déclaré que « seule l'expérience donne la certitude » a dû certainement manquer cruellement de cette précieuse qualité, dans ses descriptions.  C’est ainsi qu’il avait écrit que : « La mouche,est un ver, mû par deux ailes et huit pieds, née de la putréfaction du fumier et de la putréfaction des animaux... » (« Biologie-biologistes » Par Gabriel Goheau). Or, le moins perspicace  et le moins doué des enfants sait parfaitement que la mouche n'est pas un ver, qu'elle est dotée de six pattes, qu’elle n’est pas issue de la putréfaction, mais qu’elle est engendrée par la fécondation d’une autre mouche de sexe opposé. Aussi, nul ne saurait concevoir que le théologien et le philosophe, qui n'a su décrire une simple mouche, en commettant quatre erreurs grossières,  soit particulièrement qualifié pour porter un jugement sur la plus brillante civilisation de l'époque ou pour dénigrer ses savants !

Jusqu'au 18ème siècle, le problème des animaux fantastiques n'avait pas été entièrement élucidé. Ambroise Paré, le chirurgien des rois de France cite encore dans son livre intitulé : « Monstres et prodiges », le cas d'un agneau à tête de porc, né du croisement d'un verrat et d'une brebis. En 1635, un ouvrage Spéculum mundi, dû à John Swan, évoque (encore !) l'existence des licornes et des tritons (divinités marines représentées à corps d'homme et à queue de poisson) La vogue des croyances erronées n'a pas épargné non plus le physicien Newton, qui était convaincu que la première sphère céleste avait été dessinée 939 ans avant l'ère chrétienne, par le centaure Chiron (cheval à tête d'homme), pour le compte des Argonautes (personnages mythologiques) !

Toutes ces superstitions ont été balayées par le Coran à son avènement. Le Livre Sacré ne reconnaît l’existence d’aucun animal mythologique ou chimérique. Pas de traces non plus, des fabuleux monstres constitués par des assemblages disparates et incompatibles entre eux. La sobriété du Texte coranique et son réalisme ne se prêtent pas aux  spéculations et aux conjectures dénuées de sens. Les animaux mentionnés, comprenant plus d'une vingtaine d'espèces sont familiers pour la plupart, mais surtout bien réels. Parmi ceux vivant en liberté se trouve : l'éléphant, le loup, le singe, le serpent, le corbeau, la huppe vulgaire, la grenouille, le poisson, le corail. Les animaux domestiques sont représentés par le mouton, le bœuf, le chameau, le cheval, l'âne, la chèvre, le chien, le porc, etc. Les insectes comprennent l'abeille, la fourmi, le criquet, le papillon et l'araignée, pour les arachnides.

Le Coran  ne cautionne ni ne reprend à son compte, aucune des erreurs de l'époque  qui consistaient à incarner des animaux imaginaires. Non seulement les spécimens décrits sont bien réels, mais en outre, ils constituent des espèces distinctes les unes des autres. Chaque animal fait partie d'une espèce à laquelle il est rattaché, et au sein de laquelle il évolue. Le regroupement des individus en espèces est signalé par le passage suivant : « Il n'existe pas de bêtes sur terre, ni d'oiseaux volant de leurs ailes, qui ne forment comme vous des communautés. Rien n'a été omis dans le Livre (le Coran). Ils (les animaux) seront ensuite rassemblés vers leur Seigneur. » (Coran 6.38).

Le mot utilisé « oumamoun » (communautés au pluriel) a été parfois rendu par certains exégètes comme un regroupement d'animaux sociaux, à l'instar des abeilles, des fourmis, etc. Or, le règne animal n'est pas formé uniquement d'individus vivant en colonies. Il existe une multitude de bêtes qui, non seulement ne possèdent aucun instinct grégaire qui les pousse à se regrouper avec leurs semblables, mais qui en plus, disposent de véritables territoires dont elles marquent les frontières, selon différents procédés. Tout congénère qui s'aviserait à franchir ces limites s'exposerait à une attaque en règle.

Chez beaucoup d'espèces d'insectes et d'arachnides, l'esprit communautaire est tellement absent, que deux individus qui se rencontrent, s'entre-dévorent presque toujours. C'est le cas de la mante religieuse, du scorpion, du grillon, souvent de l'araignée, etc. Ainsi le règne animal présente une grande diversité de comportements qui vont de la société la plus organisée à l'individualisme le plus forcené, en passant par un grégarisme de circonstance, lors des périodes de migrations, d'accouplement ou autres.

En attribuant le sens de « colonie » au mot « oumamoun »,  la portée se trouve réduite  aux seuls animaux sociaux ou grégaires, rejetant les autres formes d'organisation. Cela ne correspond nullement à l'esprit du verset coranique qui se termine par la phrase suivante : « ...Ils seront ensuite rassemblés vers leur Seigneur. » impliquant que tous les animaux seront rassemblés et non pas seulement ceux qui vivent en colonies. Autrement dit, le mot « ouma­moun » n'a pas le sens de colonies mais d'espèces. La communauté peut  désigner tant un groupement d'individus vivant en commun (colonie), qu'un ensemble d'individus qui ont des traits, des comportements et des caractères identiques, pouvant former des colonies ou au contraire s'isoler les uns des autres. En sciences naturelles, l'espèce est comprise comme étant « l'ensemble des individus d'aspect semblable, ayant, en commun des caractères qui les distinguent au sein d'un même genre, et qui sont capables d'engendrer des individus féconds. » Le regroupement ou non au sein d'une colonie, n'étant qu'un aspect secondaire.

En foi de quoi, le mot « oumamoun » est,  dans ces conditions synonyme d'espèces  et non de colonies.  La différence entre les deuxformes d’organisation est très importante ;  les colonies ne constituent qu'une partie du règne tant animal que végétal, alors que les espèces englobent la totalité de ces règnes. En outre, la reconnaissance de l'espèce implique que la création est structurée et régie par une ordonnance qui regroupe entre eux les individus présentant des caractères communs. Alors que justement nombre de scientifiques de renom méconnaissaient à l’époque  la classification de l’ordre naturel.

Au 18ème  siècle encore, le naturaliste français Buffon, qui faisait autorité en la matière n’hésitait pas à déclarer « qu’il n existe réellement dans la nature que des individus etdes genres ;  les ordres et les classes n existent que dans l'imagination des gens. » (« La nature du vivant » Par François Jacob). Lanature était réputée necomprendre que des individus et par voie de conséquence, seulement des  catégories individuelles. Il y avait autant de catégories que d’individus évoluant dans un désordre indescriptible. « Mais alors,  écrit François Jacob, il n’y aurait plus de science possible (dans un tel capharnaüm) »

Autre sommité du temps, le naturaliste Lamarck (1741-1829) rejetait lui aussi, la notion d'espèces. « On ne trouve, écrit-il,  dans la nature que des individus qui s'avoisinent, se nuancent et se confondent les uns avec les autres »  sans pour autant constituer d'espèces. La nature était un vaste fouillis où les individus surgissaient sans aucun lien entre eux et s’accouplaient les uns les autres, sans aucune loi génétique.  Pas étonnant, dans ces conditions, que les monstres mythologiques ne tardèrent pas à apparaître un peu partout dans l’imagination populaire. C'est encore le physiologiste Claude Bernard (1813-1878), qui refusait « absolument toute classification en disant que dans la physiologie générale, tous les caractères anatomiques des classes, des genres et des espèces devaient disparaître car ils n'étaient que des formes différentes de la vie et aucune d’elles, ne représentait une condition essentielle à la vie. » (« Physiologie etclassification » Par Joseph Schiller)

Les naturalistes qui ignoraient l'existence des espèces avaient adopté une classification fantaisiste. Guillaume Rondelet (1507-1556), qui enseignait à l’école de médecine de Montpellier, avait rangé par exemple tous les animaux aquatiques, comme le castor, le phoque, etc., dans le groupe des poissons. Albert le Grand (encore lui, avait classé les cétacés mammifères dans la catégorie des poissons et les chauves-souris parmi les oiseaux.

Classification simpliste s'il en est, où ce qui vit dans l'eau est assimilé aux poissons, et ce qui vole aux oiseaux.  A sa charge ou à sa décharge, selon les points de vue, il convient de préciser qu'Albert le Grand avait  été influencé par ses études théologiques, puisque la Bible enseigne en effet, et à deux reprises, que la chauve-souris,  est un oiseau et non un mammifère (Lévitique 11 .18 et Deutéronome 14 18). Aussi, Albert le Grand, ne pouvait prendre le (grand) risque de désavouer l’Ancien Testament, pour imposer ses points de vue. Cela aurait été considéré comme un reniement, par l’Eglise.

Aujourd’hui, plus que jamais, la notion d'espèces est la base de la taxinomie,  qui étudie les lois de la classification.  Selon la définition d’Ernst Mayr : « L'espèce est une communauté de reproduction sexuellement isolée des autres communautés reproductives, qui forment les autres espèces. ») La totalité du règne animal est répartie en espèces, les espèces voisines en genres, les genres en familles, les familles en ordres, les ordres en classes, etc.

Les spécialistes pensent que le nombre des espèces vivant sur terre varie entre cinq et dix millions, dont deux tiers, animales et un tiers, végétales. C'est tout ce capital de vie exubérante, formé de millions d'espèces qui sera rassemblé vers Dieu, le Jour convenu, et non pas seulement les colonies d'abeilles, de fourmis et autres animaux sociaux. Cela serait tout à fait incompréhensible et contraire au Livre Sacré des Musulmans.

En fin de compte, le recours à la classification tel que défini par le Coran  reflète un concept d'organisation du règne du vivant. Il contribue à reconnaître et à affirmer l'unité de la création et par voie de conséquence, à proclamer l'Unicité du Créateur de l’univers, qui Est la Cause première par qui, tout existe et subsiste. C’est en outre, une référence explicite à la structuration, à la hiérarchisation  et à la spécialisation de la nature. Une notion aussi capitale, permet d'entrevoir  l'ordre et la rigueur qui ont été déployés lors de la création de l'univers, et par contrecoup, de la planète Terre et de tout ce qu'elle porte. Tout ce qui existe dans l’univers est soumis aux grandes lois physiques, qui régissent la création. Aucune particule ne saurait échapper à l’emprise de ces Lois qui s’exercent d’un bout à l’autre de l’univers.

Ainsi comprise, la plus infime des créatures, légitime son existence par un Décret divin, qui la consacre comme une entité étymologique distincte, intégrée à un système plus élaboré et entretenant des relations avec son environnement immédiat et lointain.  Elle constitue une brique dans l’édifice universel. Que les écologistes et les naturalistes trouvent leur raison dans cette logique, ne fait que démontrer à l'évidence, le bien-fondé des Révélations Coraniques.


 

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