Première partie : Règles essentielles au succès de l’éveil
Règle n°1 : se cramponner au Livre et à la Sunnah
Mes chers frères ! Cet éveil, grâce à Allah, est général et il englobe tous les pays islamiques, comme il nous est fait écho de cela. Néanmoins, il est nécessaire que cet éveil s’appuie sur une base solide qui se constitue du livre d’Allah et de la Sunnah (tradition) du prophète (g). Et s’il ne repose pas sur ceci, cet éveil sera tel une tornade qui anéantit ou qui anéantira certainement plus qu’elle n’édifie alors que s’il est basé sur le livre d’Allah et la Sunnah de Son messager (g), qui sont des sources immuables, son impact sur la communauté islamique et sur le reste du monde sera d’autant plus déterminant.
Et nous connaissons tous le long récit qui relate l’arrivée d’Abû Sufyân au pays du Shâm (l’Assyrie) pour y rencontrer le roi chrétien de l’époque Héraclius. Alors qu’il était encore mécréant à cette époque, il décrit à Héraclius comment le prophète (g) adorait Allah, son abandon des idoles, ses nobles caractères et son attitude, son honnêteté et son intégrité ainsi que divers autres aspects de la législation islamique. A ce moment, Héraclius répondit à Abû Sufyân : « Si ce que tu affirmes est vrai, alors viendra un jour où il sera à la tête de ce qui se trouve sous mes deux pieds[1] ».
Qui aurait pu penser cela du prophète (g), alors que les arabes ne s’étaient pas encore ralliés à Sa cause et que, bien loin de cette perspective, il était toujours en exil de la Mecque et ne l’avait pas encore conquise ! Qui aurait pu réellement espérer qu’un roi comme Héraclius puisse dire au beau milieu des siens : « Si ce que tu affirmes est vrai, alors viendra un jour où il sera à la tête de ce qui se trouve sous mes deux pieds » ?
Et est-ce que ce que le pressentiment d’Héraclius s’est finalement réalisé ou non ?! Est-ce que le prophète (g) a effectivement conquis ce qui se trouvait sous les pieds d’Héraclius – c’est-à-dire le pays du Shâm – ou non ?
On peut en effet s’interroger : comment a-t-il conquis la région du Shâm alors que cette terre n’était point encore conquise lorsqu’il décéda ?!!
La réponse est que le prophète (g) a bel et bien conquis la région qui se trouvait sous les pieds d’Héraclius, mais il l’a fait par le biais de son prêche et non de sa propre personne. En effet, son appel est parvenu jusqu’à cette terre et a balayé sur son passage les idoles et le polythéisme. Puis, ce sont les califes bien-guidés qui y ont régné après Muhammad (g) perpétuant ainsi sa prêche et sa législation.
Aussi, nous disons que si la communauté islamique revenait vraiment à la religion d’Allah, que si ses dirigeants et ses administrés y retournaient réellement, en prenant les croyants pour alliés et les mécréants pour ennemis, alors ils règneraient en maîtres sur terre, en orient comme en occident. Non pas parce qu’ils seront secourus à cause de leur nationalisme ou leurs individualités, pas non plus par leur affiliation à une tribu particulière. Non, ils triompheront par le fait qu’ils aient appliqué la religion d’Allah (b). Or Allah (c) s’est porté garant du fait qu’Il ferait prévaloir Sa religion sur toutes les autres religions, en disant :
{ هُوَ ٱلَّذِيٓ أَرۡسَلَ رَسُولَهُۥ بِٱلۡهُدَىٰ وَدِينِ ٱلۡحَقِّ لِيُظۡهِرَهُۥ عَلَى ٱلدِّينِ كُلِّهِۦ وَلَوۡ كَرِهَ ٱلۡمُشۡرِكُونَ ٩ }
« C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la guidée et la religion de Vérité, pour la faire triompher sur toute autre religion, en dépit de l’aversion des associateurs[2] ».
Et pour que cette religion triomphe, il faut nécessairement que ceux qui s’y attachent triomphent.
Ô mes frères, sachez que si cette prise de conscience qui réveille la jeunesse musulmane de nos jours ne s’établit pas sur le livre d’Allah et la Sunnah de Son messager (g), elle finira telle une tornade incontrôlable, qui, comme il est à craindre, occasionnera plus de dégâts qu‘elle ne construira.
Aussi, il est judicieux de se poser la question : comment retourner au livre d’Allah et à la Sunnah de Son messager (g) ? La réponse est la suivante :
Premièrement : Retourner au livre d’Allah
Ceci se manifeste par le fait que les musulmans s’empressent de méditer sur le livre d’Allah (b), puis de mettre en pratique les règles qu’il contient. Allah dit en effet :
{ كِتَٰبٌ أَنزَلۡنَٰهُ إِلَيۡكَ مُبَٰرَكٞ لِّيَدَّبَّرُوٓاْ ءَايَٰتِهِۦ وَلِيَتَذَكَّرَ أُوْلُواْ ٱلۡأَلۡبَٰبِ ٢٩ }
« [Voici] un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence se rappellent ![3] »
« ...Afin qu’ils méditent sur ses versets... » : la méditation des versets conduit à la compréhension du sens.
« ...Et que les doués d’intelligence se rappellent ! » : et le rappel est la mise en pratique de ce Coran.
C’est dans ce sens et en vue de la réalisation de cette sagesse que le Coran a été révélé. Et puisque c’est pour cela qu’il a été révélé, retournons donc au Livre afin de méditer dessus et d’en connaître les sens puis mettons en pratique ce avec quoi il est venu. Par Allah, il contient le bonheur de la vie terrestre et de l’au-delà ! Allah (c) dit à ce sujet :
فَمَنِ ٱتَّبَعَ هُدَايَ فَلَا يَضِلُّ وَلَا يَشۡقَىٰ ١٢٣ وَمَنۡ أَعۡرَضَ عَن ذِكۡرِي فَإِنَّ لَهُۥ مَعِيشَةٗ ضَنكٗا وَنَحۡشُرُهُۥ} {يَوۡمَ ٱلۡقِيَٰمَةِ أَعۡمَىٰ ١٢٤
« Quiconque suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux. Et quiconque se détourne de Mon Rappel mènera certes une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l’amènerons aveugle au rassemblement[4]. »
C’est pour cette raison que tu ne trouveras jamais personne de plus comblé, de plus épanoui, et de plus apaisé dans son cœur que le croyant, et ce même s’il advenait qu’il soit pauvre. Le croyant est la personne la plus à l’aise, la plus tranquille, et celle dont le for intérieur est le plus ample. Lisez si vous le voulez la parole d’Allah (c) :
مَنۡ عَمِلَ صَٰلِحٗا مِّن ذَكَرٍ أَوۡ أُنثَىٰ وَهُوَ مُؤۡمِنٞ فَلَنُحۡيِيَنَّهُۥ حَيَوٰةٗ طَيِّبَةٗۖ وَلَنَجۡزِيَنَّهُمۡ أَجۡرَهُم بِأَحۡسَنِ} {مَا كَانُواْ يَعۡمَلُونَ ٩٧
« Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des meilleures de leurs actions[5]. »
En quoi consiste une bonne vie ? Est-ce une abondance de richesses ? Ou bien un grand nombre d’enfants ? Ou encore vivre dans un pays en sécurité ?
Non ! Une bonne vie consiste à ce que la poitrine soit épanouie et à ce que le cœur soit apaisé. Ainsi, même si un individu subit une épreuve difficile, il aura en dépit de cela un cœur serein et une poitrine dégagée.
Le prophète (g) a dit : « Comme l’affaire du croyant est réjouissante ! Tout ce qui lui arrive est un bien pour lui; et cela n’est réservé qu’au seul croyant. Si un bonheur l’atteint, il fait preuve de gratitude et c'est un bien pour lui ; et si un malheur le frappe, il fait preuve de patience et c'est un bien pour lui[6] ».
Lorsque l’adversité touche le mécréant, se montre t’il patient ?… Non, il s’attriste et la vie d’ici-bas le remplit de gêne, le conduisant parfois même à mettre fin à ses jours. Quant au croyant, il reste patient et goûte aux délices de sa patience de sorte qu’il reste épanoui et apaisé. C’est en ce sens que sa vie est bonne, et c’est ainsi que la parole d’Allah (c) : « Nous lui ferons vivre une bonne vie » fait allusion à la vie du cœur et de l’âme.
Certains historiens, qui ont relaté la biographie de l’érudit Ibn Hajar (r), ont mentionné qu’il représentait la plus haute autorité de la magistrature en Egypte à son époque. Et lorsqu’il se rendait sur son lieu de travail, il était transporté par une calèche tirée par des chevaux et des mules, entourés d’une escorte. Un jour en Egypte, il passa devant un homme juif, marchand d’huile de profession – et il était habituel pour les marchands d’huile à cette époque de porter des vêtements sales – qui interpella sa chevauchée en l’arrêtant. Celui-ci dit à Ibn Hajar (r) :
- « Votre prophète affirme : « La vie terrestre est la prison du croyant et le paradis du mécréant[7] ». Or tu es le juge suprême d’Egypte, te voila accompagné de cette escorte, et tu vis dans ce bonheur alors que moi – le juif parle de sa propre personne – je vis dans la souffrance et dans le malheur ».
- L’érudit Ibn Hajar (r) répondit alors : « Je vis dans ce luxe et ces délices, s’il convient de considérer cela ainsi, comme dans une prison en comparaison aux délices du Paradis. Quant à toi, la misère dans laquelle tu te trouves, en comparaison au châtiment du feu, est comme un Paradis ».
- Suite à quoi, le juif dit : « J’atteste qu’il n’y a de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah et j’atteste que Muhammad est le messager d’Allah » et devint musulman.
En somme, le croyant est dans le bien quoiqu’il advienne, et c’est lui qui est gagnant dans la vie d’ici-bas et celle de l’au-delà. Quant au mécréant, il est dans le mal, et il est perdant ici-bas et dans l’au-delà.
Allah (c) dit à ce propos :
وَٱلۡعَصۡرِ ١ إِنَّ ٱلۡإِنسَٰنَ لَفِي خُسۡرٍ ٢ إِلَّا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّٰلِحَٰتِ وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلۡحَقِّ} {وَتَوَاصَوۡاْ بِٱلصَّبۡرِ ٣
« Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance[8] ».
C’est ainsi que les mécréants et ceux qui ont délaissé la religion d’Allah et se sont égarés dans leurs jouissances et leur luxe – malgré le fait qu’ils bâtissent et édifient des palais et que la vie d’ici-bas leur soit prospère – vivent en réalité un enfer. Ceci est tellement vrai que certains anciens pieux ont dit : « Si les gouverneurs et leurs enfants savaient dans quel bonheur nous vivons, ils nous auraient flagellé pour cela avec leurs épées ! ».
Quant aux croyants, ils sont comblés de bonheur de par leur intimité avec Allah et Son évocation et ils se soumettent à Son décret. Ainsi, si un malheur les frappe, ils se montrent patients, et si un bonheur les touche, ils font preuve de gratitude. Ils sont donc dans la plus grandes des jouissances, contrairement aux amoureux de cette vie terrestre qui sont comme Allah les a décrits :
{ فَإِنۡ أُعۡطُواْ مِنۡهَا رَضُواْ وَإِن لَّمۡ يُعۡطَوۡاْ مِنۡهَآ إِذَا هُمۡ يَسۡخَطُونَ ٥٨ }
« S’il leur en est donné, les voilà contents ; mais s’il ne leur en est pas donné, les voilà pleins de rancœur[9] ».
Ô mes frères…Nous avons le livre d’Allah à notre disposition. Retournons-y, méditons-le et mettons en pratique ce qu’il contient !