Règle n°2 : la science et la clairvoyance
La science fait partie des bases autour desquelles doit s’articuler cet éveil islamique. On entend par-là : la connaissance de la législation d’Allah (b), recueillie essentiellement à partir des deux sources fondamentales que sont le livre d’Allah et la Sunnah de Son messager (g). Conformément à la parole d’Allah (c) :
{ وَأَنزَلْنَا إِلَيْكَ الذِّكْرَ لِتُبَيِّنَ لِلنَّاسِ مَا نُزِّلَ إِلَيْهِمْ }
« Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux[1] »
Et comme l’illustre Sa (c) parole :
{ وَأَنزَلَ اللَّهُ عَلَيْكَ الْكِتَابَ وَالْحِكْمَةَ وَعَلَّمَكَ مَا لَمْ تَكُن تَعْلَمُ ۚ وَكَانَ فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكَ عَظِيمًا }
« Allah a fait descendre sur toi le Livre et la Sagesse, et t’a enseigné ce que tu ne savais pas. Et la grâce d’Allah sur toi est immense[2] ».
Ainsi la science constitue le fondement et la matière de la prédication. Et il est strictement impossible que celle-ci s’accomplisse de la manière qui satisfait Allah (b) autrement qu’en étant basée sur la science. A cet effet, Al-Bukhârî (r) a intitulé l’un des chapitres de son recueil authentique de hadiths comme suit : « Chapitre : la science précède la parole et l’action » en se référant à la parole du Très-Haut : « Sache donc qu’en vérité il n’y a point de divinité à part Allah et implore le pardon pour ton péché[3] ».
En conséquence, toute prêche effectuée sans science est vouée à contenir une part de déviation et d’égarement. C’est pour cela que le prophète (g) a mis en garde contre ce phénomène, qui se multipliera lorsque les savants viendront à disparaître, ne laissant derrière eux que des dirigeants ignorants qui donnent des verdicts religieux sans science, et qui par là s’égareront et égareront les autres[4].
On observe beaucoup de nos frères qui portent en eux cette ferveur, portés par ces sentiments islamiques – et nul doute que ceci est un bien, car sans enthousiasme ni ardeur, il n’y aura pas de prise d’initiative. Cependant, ce sentiment n’est pas suffisant en lui-même. Il est indispensable qu’il s’accompagne de science sur laquelle les gens fondent leurs actes ainsi que leur prêche. Cette pour cette raison que le prophète (g) a dit : « Transmettez de moi, ne serait-ce qu’un verset[5] ». Or, il nous est seulement possible de transmettre ce que l’on connaît de sa religion. En effet, sa parole « Transmettez de moi » signifie qu’il nous a délégué la mission de transmettre ce qui est venu de lui.
Il incombe donc au prêcheur d’appeler les gens avec savoir, un savoir correct qui se fonde sur le livre d’Allah et la Sunnah de Son messager (g), car toute science acquise en dehors de ces deux références doit d’abord leur être confrontée [pour en attester de sa conformité]. Après avoir été confrontée, elle sera soit en concordance ou bien en contradiction. Si elle concorde, elle sera alors acceptée. Dans le cas contraire, elle sera rejetée et renvoyée à son énonciateur, quel qu’il soit. En effet, il a été rapporté de manière authentique d’Ibn cAbbâs (k) qu’il a dit : « Peu s’en faut pour que des pierres ne vous tombent du ciel. Je vous dis : « Le messager d’Allah a dit.. » et vous me dites : « Abû Bakr et cUmar ont dit… » ! ».
S’il en est ainsi de la parole d’Abû Bakr et cUmar lorsqu’on l’oppose à celle du messager d’Allah (g), alors que pensez-vous de celle d’un individu qui n’a pas atteint leur niveau de science et de piété, et qui n’a pas eu la même proximité avec le prophète (g) ni atteint le rang de calife ! Nul doute que la parole de ces individus, lorsqu’elle contredit le livre d’Allah et la tradition de Son messager (g) sera encore plus évidemment rejetée. A cet effet, Allah (b) a dit :
{ فَلۡيَحۡذَرِ ٱلَّذِينَ يُخَالِفُونَ عَنۡ أَمۡرِهِۦٓ أَن تُصِيبَهُمۡ فِتۡنَةٌ أَوۡ يُصِيبَهُمۡ عَذَابٌ أَلِيمٌ ٦٣ }
« Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux[6] ».
L’imam Ahmad (r) a dit : « Sais-tu ce qu’est cette épreuve? Cette épreuve est le polythéisme (« shirk »). Si jamais quelqu’un rejette une partie de Sa parole, il se peut que son cœur soit atteint d’une déviation qui le conduira ainsi à sa perte ».
Quant au prêche mené sans science, il est basé sur l’ignorance. Or, le prêche effectué avec ignorance est plus nuisible que profitable.
Et pour cause, le prédicateur s’est érigé en initiateur et en guide, et s’il s’avère être ignorant, alors il sera égaré et source d’égarement – qu’Allah nous en préserve. Et dans ce cas, son ignorance sera alors une ignorance exacerbée[7]. Et cette forme est plus marquée que l’ignorance ordinaire, car l’ignorance ordinaire conduit l’individu à faire preuve de retenue et à ne pas se prononcer, et il est d’ailleurs possible que celle-ci se dissipe par l‘apprentissage. Mais le cœur du problème réside bel et bien dans l’individu qui fait preuve d’une ignorance exacerbée car celui-ci ne peut s’empêcher de parler, il s’exprime en toute circonstance fut-ce sans science et constitue une source de destruction plus que d’éclaircissement.
Ô mes frères, la prêche à Allah sans science est contraire à ce sur quoi était le prophète (g) et ceux qui l’ont suivi. Ecoutez donc la parole d’Allah (c) lorsqu’Il a ordonné à Son prophète :
قُلۡ هَٰذِهِۦ سَبِيلِيٓ أَدۡعُوٓاْ إِلَى ٱللَّهِۚ عَلَىٰ بَصِيرَةٍ أَنَا۠ وَمَنِ ٱتَّبَعَنِيۖ وَسُبۡحَٰنَ ٱللَّهِ وَمَآ أَنَا۠ مِنَ} {ٱلۡمُشۡرِكِينَ ١٠٨
« Dis : « Voici ma voie, j’appelle les gens à [la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une clairvoyance. Gloire à Allah ! Et je ne suis point du nombre des associateurs[8] ».
Il a bien dit : « J’appelle les gens à [la religion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une clairvoyance ». Autrement dit, ceux qui l’ont réellement suivi doivent de manière inconditionnelle appeler à Allah avec science et non pas avec ignorance. Médite, Ô toi prêcheur, la parole d’Allah (c) : « sur une clairvoyance ». Trois aspects sont à retenir :