Omar Ibn Abdul Aziz (partie 2 de 2): L’avidité refuse de se soumettre à la foi
Omar Ibn Abdul Aziz fut surnommé le cinquième calife bien-guidé de la nation islamique à cause de sa similarité avec les califes bien-guidés. Ces derniers avaient appris à pratiquer l’islam directement du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et s’en tenaient strictement aux injonctions du Coran et aux traditions authentiques du prophète Mohammed. Après leur mort, cependant, le califat se transforma en une dynastie qui laissa place à une approche plus laxiste dans l’application de certains commandements. Omar Ibn Abdul Aziz raviva la flamme des principes islamiques et entreprit de parer la couronne de l’empire islamique de nouveaux joyaux. L’un de ses premiers décrets fut de remplacer les gestionnaires omeyyades tyranniques et corrompus par des gens justes et honnêtes et, par un autre décret, il ordonna la restitution des propriétés confisquées à leurs propriétaires légitimes.
Au cours des dix années qui suivirent la conquête du Sindh (correspondant en partie à l’actuel Pakistan), Omar fut le premier calife à ordonner, en 718, la traduction du Coran en une autre langue – le sindhi – à la requête du raja du Sindh. Le Sindh était une autre région de l’État islamique conquise à la fois par la volonté de Dieu et par le comportement impeccable et l’éthique des troupes islamiques dans la conduite de la guerre qui étaient alors inconnues sur la planète. Au même moment, les armées d’Omar défendaient leurs positions contre les Turcs, qui avaient ravagé l’Azerbaïdjan et massacré des milliers de personnes. Omar soumettait ses troupes à des conditions très strictes lorsqu’elles engageaient l’ennemi. Cela incluait que les femmes, les enfants et les prisonniers devaient être épargnés et qu’un ennemi en fuite ou s’avouant vaincu ne pouvait être poursuivi.
Dans une longue liste de premières, Omar Ibn Abdul Aziz fut le premier dirigeant musulman à détourner son attention des conquêtes externes. Il rappela les armées islamiques qui étaient aux frontières de la France, de l’Inde et de Constantinople. Ce fut durant son règne que les soulèvements et les troubles internes cessèrent et que la vraie foi islamique, telle qu’enseignée par le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), s’épanouit à nouveau. Cependant, l’avidité se soumet rarement à la foi sans livrer bataille et c’est pourquoi plusieurs personnes étaient mécontentes et insatisfaites du règne d’Omar.
Cela n’arrêta pas les réformes pour autant. Le vice-roi d’Espagne, sur les instructions d’Omar, entreprit de recenser les diverses nationalités, races et croyances qui habitaient cette section de l’empire. Une enquête fut menée sur toute la péninsule ibérique, incluant les cités, les rivières, les mers et les montagnes. La nature du sol, la variété des sources minérales et des produits agricoles furent méticuleusement recensées et enregistrées et, dans le sud de l’Espagne, on procéda à la construction et à la réparation de ponts et une grande mosquée fut érigée à Saragosse, dans le nord de l’Espagne.
Durant la période entre les califes bien-guidés et Omar Ibn Abdul Aziz, le trésor public était largement utilisé à des fins personnelles par les califes omeyyades. Omar mit immédiatement fin à cette pratique, se faisant par là même nombre d’ennemis dangereux. Cela ne l’empêcha cependant pas de continuer à prôner le renouveau et à entreprendre des réformes permettant aux musulmans démunis, aux personnes faibles et à celles qui s’astreignaient malgré tout à mener une vie honnête de se sentir émancipés et protégés comme ils l’avaient été, par le passé, sous le règne des premiers califes. L’une de ses réformes les plus importantes fut sa réforme de l’impôt.
Omar Ibn Abdul Aziz, dans la pure tradition de son bien-aimé prophète Mohammed, était juste et bon envers les non-musulmans. Les chrétiens, les juifs et les zoroastriens furent autorisés à garder leurs églises, leurs synagogues et leurs temples. À Damas, la basilique de Jean-le-Baptiste avait, avant son règne, été convertie en mosquée. Omar ordonna qu’elle soit rendue à l’église chrétienne.
L’administration des affaires de l’empire, sous Omar, était d’une justice impartiale. Elle allait aussi directement à l’encontre des intérêts de la dynastie omeyyade, dont Omar était un membre éloigné et loin de la ligne de succession. Les membres influents de la dynastie ne pouvaient tolérer la perte de leur pouvoir, de leur prestige et de leurs privilèges financiers. Les réformes lancées par Omar étaient trop importantes pour qu’ils puissent les tolérer. Alors un serviteur fut soudoyé pour administrer un poison mortel. Lorsque le calife commença à ressentir les effets du poison et réalisa la conspiration, il fit amener le serviteur et lui demanda pourquoi il avait fait cela. L’esclave lui répondit qu’on lui avait donné mille dinars. Omar déposa le même montant au trésor public et affranchit l’esclave. Il lui conseilla de partir au plus vite, de peur que ses ennemis ne cherchent à l’éliminer. Omar Ibn Abdul Aziz mourut après un règne de deux ans et demi seulement. À sa mort, il était âgé de trente-neuf ans.
On rapporte une histoire, non authentifiée, mais qui est tout de même très belle, à propos de la généalogie d’Omar Ibn Abdul Aziz.
Omar Ibn Abdul Aziz, dit-on, serait un descendant d’Omar Ibn al-Khattab à cause d’un fameux événement survenu au cours du règne du deuxième calife. Durant l’un de ses nombreux périples pour inspecter les conditions de son peuple, Omar entendit une jeune laitière qui refusait d’obéir à sa mère, car cette dernière lui ordonnait de couper le lait avec de l’eau avant de le vendre. La jeune fille répondit à sa mère que bien que le calife Omar ne pouvait les voir, rien ne pouvait échapper à Dieu. Le lendemain, Omar Ibn al-Khattab envoya quelqu’un acheter du lait qui provenait de cette jeune laitière et constata qu’il était pur. Il convoqua alors la mère et la fille et leur raconta ce qu’il avait entendu la veille. Comme récompense, il offrit de marier la fille à son fils Asim. Elle accepta. De leur union naquit une fille nommée Layla, qui donna par la suite naissance à Omar Ibn Abdul Aziz.