II) L’assertion de Jésus : « Moi et le Père, nous sommes un.»


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II) L’assertion de Jésus : « Moi et le Père, nous sommes un.»
 
 
 
Cette déclaration attribuée à Jésus constitue la plus importante preuve sur laquelle se fondent ceux qui avancent l’idée de la déification du Messie. Ils ont compris qu’il s’agit d’une union réelle annoncée par le fils de Marie devant les Juifs qui ont cru qu’il parlait de sa propre déification. Retournons au texte et replaçons-le dans son contexte. Jésus allait et venait, dans le temple, sous le portique de Salomon, pendant la fête de la Dédicace[1]. Les Juifs l’entouraient et lui dirent : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ dis-le nous ouvertement. Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon père me rendent témoignage mais vous ne me croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix et je les connais et elles viennent à ma suite. Et moi, je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père. Moi et le Père, nous sommes un.» (Jean 10- 24/30). Le texte depuis son début relate une question symbolique[2]. Les brebis de Jésus sont ses élèves qui ont cru en lui et il leur donnera la vie éternelle, c’est-à-dire le Paradis. Personne ne pourra les lui arracher, c’est-à-dire les détacher de son chemin et de sa droiture car c’est un don que Dieu lui a octroyé. Nul ne pourra les ôter des mains de Dieu parce qu’il est le plus grand que tout. Dieu et Jésus veulent du bien à ces brebis. La fusion est la même dans le but mais pas dans l’essence.
 
Corrigeant cette idée d’«assemblage», lors de son cours à propos de cette hérésie, le Docteur Waïn Jordhome, professeur de théologie a écrit« Le passage de Jean 10/30 certifie que le Messie est disposé à accomplir tout ce que le Père lui a ordonné de réaliser et de sauver tous les croyants qu’il lui a donnés, c’est-à-dire que le Messie et le Père sont unis dans le même objectif, mais pas dans leurs natures[3].» Oui, ils sont liés pour le même but, mais pas dans leurs substances.L’exégète William Berklay rapporte, en s’appuyant sur d’autres exégètes que :«Le terme se rapporte à ce qui le précède. Jésus, ici, parle du désir d’être sur la bonne voie, sous la protection de Dieu et il montre la Puissance divine et miraculeuse. C’est comme s’il leur disait : “Moi et le Père sommes un pour accomplir toutes ces oeuvres.»[4]
 
Les juifs dans le couloir de Salomon ont mal interprété les paroles de Jésus – une interprétation à peu près analogue à celle des Chrétiens – et à cause de cette incompréhension : «Ils ramassèrent de nouveau des pierres pour le lapider…Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème parce que toi qui es un homme tu te fais Dieu.» (Jean 31/33).Jésus a compris qu’ils ont mal compris ses paroles et s’étonna parce que les Juifs connaissent l’emploi des allégories dans les Livres Saints. Aussi, il leur répondit : «N’a-t-il pas été écrit dans votre loi : J’ai dit vous êtes des dieux ?» (Jean 10/34)reprenant ainsi ce qui a été consigné dans les Psaumes de David : « Je le déclare ; vous êtes des dieux, vous êtes, tous, des fils du très Haut.» (Les Psaumes 82/6).Comment donc vous vous effarez devant ces paraboles régulièrement utilisées dans votre livre qui a qualifié de dieux les fils d’Israël, d’une façon métaphorique? Le Christ est plus méritant de cette déification symbolique que tous les Juifs : « Or, Dieu a appelé dieux ceux auxquels la parole fut adressée…A celui que Dieu a consacré et envoyé dans le monde, vous dites : tu blasphèmes, parce que j’ai affirmé que je suis le Fils de Dieu. Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas… » (Jean 10/37)
 
Ce passage est encore plus limpide dans la version de la Bible de la compagnie de Jésus. Il est ainsi libellé : « Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre Loi « J’ai dit : Vous êtes des dieux?» Si donc la Loi a nommé dieux ceux qui ont reçu la parole de Dieu… Comment diriez–vous à celui que Dieu a consacré et envoyé au monde : « Tu blasphèmes parce que j’ai dit : je suis le fils de Dieu.» Le père Matthieu le pauvre a commenté le fragment de ce chapitre. Il a écrit : « Jésus s’est appuyé sur le Psaume quatre-vingt-deux (82) où il est dit (Dieu s’est dressé dans l’assemblée divine au milieu des dieux, il juge… Vous êtes des fils du très Haut.)La révélation céleste, ici, donne à toute l’assemblée qui s’est réunie pour juger les gens sur la base de la parole de Dieu…cela est sa réponse aux Juifs qui ont taxé Jésus de blasphémateur, alors que toutes les personnes qui ont reçu la parole divine sont appelées dans la Loi mosaïque de dieux[5].
 
Ainsi et par le biais de cette preuve extraite des Psaumes, Jésus a corrigé aux Juifs d’abord, aux Chrétiens ensuite la mauvaise compréhension littérale de son union avec le Père. Cette façon stylistique de s’exprimer sur le but et la volonté est fréquente dans les textes et en particulier, dans l’Evangile de Jean. Ce denier a fait prononcer à Jésus ce discours à ses élèves : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, et qu’ils soient en nous, eux aussi…pour qu’ils soient un comme nous sommes un …Je vis en eux tu vis en moi et c’est ainsi qu’ils pourront être parfaitement un… » (Jean 17-21/23)L’incarnation de Dieu dans Jésus et dans les élèves est tout à fait symbolique, sinon la déification de ceux-là devient nécessaire. Le texte évangélique emploie l’adverbe (comme) qui exprime l’idée de la ressemblance entre les deux parties en question. Le sens général se résume ainsi : comme le Messie et le Père sont un, les élèves, le Messie et le Père sont également un. Cette unité est celle des moyens et de la fin et non point de l’Etre Transcendant avec ses propres créatures. Personne ne dira que les élèves se sont incarnés dans les corps des uns aux autres ou qu’ils se sont intégrés dans celui du Christ. Dans un autre endroit, le même Jean a écrit : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un.» (Jean 17/11)Il voulait dire comme nous oeuvrons pour le même objectif, ils agiront comme nous dans la même direction. Il a encore dit : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous. » (Jean 20/14)Paul, parlant des croyants, a encore répété : « Car nous sommes, nous, le temple du Dieu vivant comme Dieu l’a dit : Au milieu d’eux j’habiterai et je marcherai. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.» (II Epître aux Corinthiens 6-16/17) Le même Paul a mentionné : « Il y a un seul Dieu, le Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous et demeure en tous.» (Lettre aux Ephésiens 4/6).Jésus a confié cette parabole à ses apôtres : « Je suis la vigne et vous êtes les sarments, celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance.» (Jean 5/15)Il insinuait que celui qui l’aime, obéit à ses prescriptions et croit en lui, gagnera la Vie éternelle.
 
Ce passage : « Afin que vous connaissiez et que vous sachiez bien que le Père est en moi comme je suis dans le Père. » (Jean 10/38)a, comme sens véritable, que Dieu lui confère son amour, ses conseils, sa bénédiction et l’empêche de s’égarer. Le Saint Père ne peut loger dans des sanctuaires élevés par ses créatures : « Et pourtant le Très Haut n’habite pas dans des demeures construites par la main de l’homme.» (Les actes des Apôtres 7/48).Nous rencontrons très souvent cette manière qui exprime l’unité de l’objectif et de la volonté dans de nombreux textes dont cette idée de Paul : « Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé… Celui qui plante et celui qui arrose c’est tout un…Car, nous travaillons à l’œuvre de Dieu.» (Epître aux Corinthiens (I) 3-6/9). Cet avatar de Paul dans Apollos consiste dans l’objectif commun et non dans leurs êtres respectifs.
 
Il est mentionné dans la Torah dans la description des deux époux : « Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair.» (La Genèse 2/24). Il n’est pas question ici des deux corps qui sont devenus un seul, il ne faut donc pas prendre ce passage à la lettre. Matthieu nous a laissé la même opinion : « Le couple deviendra un seul être. Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être.» (Matthieu 19/5).C’est donc la même idée exprimée par Jésus quand il disait : « Moi et le Père, sommes un.»Laban n’a-t-il pas dit à Jacob : « Tu es sûrement ma chair et mes os.» (La Genèse 29/14).Prenons encore un autre exemple qui symbolise l’unité des élèves dans les moyens employés et le but fixé. L’auteur –Paul - a utilisé un terme qui laisse supposer, en apparence, qu’il s’agit d’un même corps et ce n’est pas le cas : « De même, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps dans l’union avec le Christ et nous sommes tous unis les uns aux autres.» (Lettre aux Romains 12/5).Il est également dit : « Ne savez-vous pas que vos corps sont des parties du corps du Christ?» (Epître aux Corinthiens (I) 6/15).Voir encore : (Samuel (II) 12/19) - (Epître aux Corinthiens (I) 12/27) – (Lettre aux Ephésiens 2/14) et d’autres passages.
 
Cette allégorie de l’unité de l’objectif et de la volonté se trouve dans le Coran mais jamais personne n’a prétendu qu’il est question de la dite union. S’adressant à son prophète, Dieu lui apprend que ﴾ceux qui te prêtent d’allégeance le prêtent plutôt à Dieu[6]﴿L’idée de cette sorte incarnation réelle n’a jamais effleuré l’esprit d’aucun croyant parmi les Musulmans.
 
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[1]) Fête célébrée à Jérusalem vers la fin de décembre pour commémorer la purification du temple. Celle-ci suivit la victoire remportée par Judas Maccabée sur le roi de Syrie, Antiochus. (TOB- Page 1570) (N.T)
 
[2]) Le moine Jeams Anîs pense qu’il faut que les textes soient expliqués symboliquement si le livre est plein de métaphores que l’on ne peut expliquer du mot à mot. Que faire devant une situation pareille alors que le livre renferme des idées allégoriques. (Voir le livre : La science ordonnée de la déification- Page 713)
 
[3]) Comment pensent les évangélistes sur les bases de la foi chrétienne de Waïn Jordhome – Page : 202.
 
[4]): Exégète des Evangiles de Luc et de Jean de W. Berkley.
 
[5]) Exégète de l’Evangile de Saint Matthieu - du père Matthieu le pauvre – Tome : 1 – Pages :643/644.
 
[6]) Portion du verset 10 de la sourate El-Fath
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