Critique de la démonstration par la conclusion de Matthieu de la Trinité
Critique de la démonstration par la conclusion de Matthieu de la Trinité
Le deuxième texte constitue la conclusion de l’Evangile de Matthieu. Ce dernier fait dire à Jésus : Il leur dit : « Allez donc auprès des gens de toutes les nations et faites d’eux mes disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Et, sachez que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.» (Matthieu 28-18/20).La première des critiques à adresser à ce paragraphe, malgré son importance, est qu’il est inexistant dans les trois autres Evangiles, qui ont décrit, d’un commun accord, l’entrée à Jérusalem du Christ monté sur un ânon. L’entrée du Messie dans la Ville Sainte sur un ânon est-elle était plus éminente que la Trinité, consignée par le seul Matthieu? Mieux encore, la conclusion de Marc a rapporté la même recommandation adressée aux apôtres sans faire aucune référence à la Trinité. Il a écrit : Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle à tous les êtres humains. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.» (Marc 16/15). Cela prouve que le passage de la Trinité a été ajouté et qu’il n’est pas original.
Les savants occidentaux la rejettent. Wils a dit : « Il n’est pas certain que les élèves du Christ aient cru en la Trinité.» Dans son livre {Histoire des croyances}, Adolphe Harnack a écrit : « Il est étonnant d’entendre Jésus parler de la Trinité au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Jamais, elle ne s’est manifestée du temps des prophètes, elle n’a vu le jour que lors des ultimes retouches aux commandements chrétiens. Le fils de Marie, après sa résurrection d’entre les morts, ne l’a point soulignée dans ses prêches et ses sermons. Paul ne connaissait rien de cette parodie.[1]» Cet auteur ne produit aucune preuve du Christ invitant les gens à embrasser le Christianisme. De leurs côtés, les exégètes de la Bible et les historiens de la Chrétienté nient l’authenticité de ce passage. Le métropolitain, chef des évêques orthodoxes de la région de Ba‘labak, Klaris Salîm Pasters a enregistré : « Les exégètes de la Bible sont portés à croire que ce commandement que l’Evangile a placé dans la bouche de Jésus n’émane pas de lui. Elle est le résumé des prêches que les prédicateurs préparaient pour les croyants au baptême. Cette opération- le baptême- tout au début du Christianisme et dans les milieux grecs s’effectuait au nom de Jésus ou au nom du Dieu Jésus… A partir de là, les historiens supposent que le mode du baptême trinitaire résulte des prêches organisés De cette manière, l’imploration de Jésus s’amplifia pour arriver à la paternité de Dieu pour le fils de Marie et au don de l’Esprit Saint[2]. Lorsque Eusèbe de Césarée a copié ce passage de l’Evangile de Matthieu, il s’est bien gardé d’inscrire les noms du Père et du Saint Esprit, il a justifié son attitude par le fait que « les disciples sont partis prêcher l’Evangile en s’appuyant sur le pouvoir de Jésus qui leur avait dit : « Partez et faites-moi des élèves parmi les nations du monde.» La découverte récente de manuscrits hébreux de l’Evangile de Matthieu et rédigés dans cette langue ne comportent pas ce morceau. Le Dr George Reikart, professeur à la faculté de la mission de théologie dans la cité de Kaufman de l’Etat du Texas a vu dans cette réalité une preuve incontestable que ce passage a été ajouté à l’Evangile de Matthieu. Il a écrit : « L’Eglise catholique avec la complexité des Orthodoxes orientaux ont menti au monde en ce qui concerne ce paragraphe de Matthieu car toute personne qui s’est faite baptiser selon cette méthode a été baptisée mensongèrement elle est morte sans obtenir le salut.[3]»
Le Dr Reikart nous cite de nombreux textes évangéliques qui parlent du baptême au nom de Jésus seulement, comme l’a précisé Pierre dans son fameux discours : Pierre leur dit : « Que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour que vos péchés vous soient pardonnés. Vous recevrez alors le don de Dieu, le Saint Esprit. » (Les actes des apôtres 2/38).Les habitants de Samarie se faisaient baptiser au nom de Jean le baptiste, mais dès qu’ils entendirent Pierre, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus. (Les actes des apôtres 19/5). Pierre n’exigea pas d’eux de se faire baptiser au nom du Père et au nom du Saint Esprit et se contenta du baptême au nom du Christ.[4] L’histoire certifie que les élèves de Jésus n’avaient aucune connaissance de ce texte puisqu’ils ne sont pas sortis pour baptiser ceux qui le désiraient, selon ces prétendues paroles du Messie, mais il leur avait fortement demandé de s’éloigner de ce que disaient les non Juifs. Jésus envoya ces douze hommes en mission, avec les instructions suivantes : « Evitez les régions où habitent les non Juifs et n’entrez dans aucune ville de Samarie. Allez plutôt vers les brebis perdues du peuple d’Israël.» (Matthieu 10-5/6).Cette attitude est conforme à un témoignage historique qui remonte au deuxième siècle et qui rejette le baptême au nom de la trinité. Apollinaire de Laodicée (310 à 390), l’historien de l’Eglise a laissé cette remarque : « Les Anciens m’ont confié que Jésus avant son ascension au ciel avait recommandé à ses apôtres de ne pas s’éloigner de Jérusalem lors des douze premières années à venir.[5]» Les disciples, en effet, respectèrent l’ordre de Jésus et ne quittèrent la Palestine que lorsque les circonstances les ont obligés à sortir. La persécution qui survint au moment où Etienne fut tué obligea les croyants à se disperser. Certains d’entre eux allèrent jusqu’en Phénicie, à Chypre et à Antioche, mais ils ne prêchaient la parole qu’aux Juifs. (Matthieu 10-5/6).S’il leur avait demandé d’adresser des prêches aux nations aux noms du Père, du Fils et du Saint Esprit, ils les auraient accomplis par obéissance au maître et de bonne foi. Pierre fut convoqué par le païen Corneille afin de l’informer des bases fondamentales du Christianisme, et ayant été satisfait intérieurement, le polythéiste se convertit. Après cette bonne «acquisition» les apôtres blâmèrent le futur premier pape. Celui-ci leur répondit : Il leur dit « Vous savez qu’un Juif n’est pas autorisé par sa religion à fréquenter un étranger ou à entrer dans sa maison. Mais Dieu m’a montré que je ne devais considérer personne comme impur ou indigne d’être fréquenté.» (Les actes des apôtres 10/19).
Pierre n’a pas attesté que Jésus ne lui a pas donné cette directive mais il lui a dit : « Nous avons mangé et bu avec lui après que Dieu l’a relevé d’entre les morts. Il nous a commandé de prêcher au peuple… » (Les actes des apôtres 10-42/43),et par le peuple il entendait les Juifs. Dès son retour à Jérusalem, Pierre fut encore exposé à des réprimandes plus dures :les croyants d’origine juive le critiquèrent en disant : « Tu es entré chez des gens non circoncis et tu as mangé avec eux. » (Les actes des apôtres 11-2/3).Il leur raconta alors une vision qu’il a eu alors qu’il priait et qui lui permettait de manger avec les non circonscris. Puis il leur relata comment l’Esprit Saint est venu le voir et la façon de lui avoir demandé de suivre les trois hommes qui étaient venus de Césarée. L’Esprit Saint me dit de partir avec eux sans hésiter. (Les actes des apôtres 11/12).Après cet exposé, long et irréfutable, ils furent rassérénés par son départ chez les non Juifs. Après avoir entendu ces paroles, tous se calmèrent et louèrent Dieu en disant : « C’est donc vrai, Dieu a donné aussi à ceux qui ne sont pas Juifs la possibilité de changer de comportement et de recevoir la vraie vie.» (Les actes des apôtres 11/18)
Tout ce monde, Pierre y compris, ne savait rien du texte de Matthieu qui ordonnait d’accomplir le baptême aux noms du Père, du Fils et du Saint Esprit. Pourquoi? Parce que Jésus ne l’a pas dit et que ses fidèles n’ont pas entendu le Christ l’énoncer. Si Jésus avait donné ce commandement, il n’aurait pas été sujet de controverses et de reproches. D’autre part, les élèves tombèrent d’accord avec Paul, celui-ci doit porter la Bonne Nouvelle aux non circonscris et ceux-là doivent opérer la même mission auprès des Juifs. Ces personnes virent que Dieu m’avait chargé d’annoncer la Bonne Nouvelle aux non Juifs tout comme il avait chargé Pierre de l’annoncer aux Juifs. Jacques, Pierre et Jean considérés comme les colonnes de l’Eglise, reconnurent que Dieu m’a confié cette tâche, ils nous serrèrent alors la main, à Barnabas et à moi. (L’épître aux Galates 2-7/9).Si donc le texte de Matthieu était authentique, comment auraient-ils pu désobéir à l’ordre du Messie de prêcher l’Evangile aux nations et de confier la même mission à Paul et Barnabas seulement auprès des non circonscris
Tous ces témoignages démentent le texte de Matthieu et assurent qu’il est créé et attribué au Christ. Même, en fermant les yeux sur tout cela, il n’y a rien dans le passage qui prouve qu’il est question d’une Trinité Sacrée et réunie dans une même entité. Il s’agit clairement de trois Etres différents, reliés entre eux par la conjonction de coordination et qui désignent la distinction. La vraie idée de la conclusion de Matthieu serait : Partez au nom de Dieu, du prophète Jésus et de la révélation descendue sur lui en vue de répandre les prescriptions divines.Il existe dans la forme du style à laquelle a recouru Matthieu, un exemple qui ne pousse pas les Chrétiens à conclure qu’il s’agit de la Trinité. Dans une lettre à Timothée, Paul a écrit : « Je te le demande solennellement devant Dieu, devant Jésus-Christ et devant les saints anges. » (Timothée I 5/21).Personne ne peut comprendre à partir de ce texte que les anges sont déifiés ou qu’ils forment la troisième hypostase de la Trinité. Ce qui est dit dans le passage de Matthieu est répété par Paul. Il est renouvelé dans le livre de l’Exode où il est conseillé aux fils d’Israël de croire en Dieu et en Moïse. Nul ne songe à mettre sur le même pied d’égalité le Souverain Absolu et son prophète : Israël avait vu avec quelle main puissante, le Seigneur avait agi contre l’Egypte. Le peuple craignit le Seigneur, il mit sa foi dans le Seigneur et en Moïse son serviteur. (L’Exode 14/31) Ce genre de style est habituel dans les langues et les livres sacrés. Il est enregistré dans le Coran :﴾Ô vous qui avez la foi ! Croyez en Dieu, en son Messager au livre qu’Il a progressivement révélé à son Messager, au Livre qu’il a révélé antérieurement﴿.[6] Des versets semblables sont nombreux.
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[1]) Voir :
a) Le Christianisme sans le Christ de Kamil Sa‘fâne – Page : 66.
b) Le Christ dans les sources des convictions chrétiennes de Ahmed Abdelwahâb – Page : 61.
c) Les convictions des Chrétiens monothéistes entre l’Islam et le Christianisme De Hosnî El-Atîr – Page : 92.
[2]) La théologie Chrétienne et l’homme moderne de Claris Salîm Pasters – Tome : 2 – Page :48.
[3]) www.Jesus-messiah.com/apologetics/catholic/Matthew-proof.html
[4]) Voir : (Les actes des apôtres 4/10)-(Les actes 8/16)-(Les actes 10/48)-(Les actes 9/27)-(Les actes 22/5)
[5]) La perle précieuse de l’histoire de l’Eglise de l’anba Isodore- Tome : 1- Page :39.
[6]) Verset du portion 136 de la sourate d’En-Nissâ’.