Qui inventa la trinité? (partie 2 de 2)
Une doctrine formelle est établie
Quand une controverse éclata, au sujet de la trinité, en 318, entre deux hommes d’église d’Alexandrie – Arius, le diacre, et Alexandre, l’évêque – l’empereur Constantin descendit dans l’arène.
Bien que le dogme chrétien releva du plus total mystère, pour lui, il comprenait néanmoins qu’une église unie était essentielle à un royaume fort. Devant l’échec des négociations pour régler la dispute, Constantin ordonna le premier concile œcuménique de l’histoire de l’Église afin de régler la question une fois pour toutes.
Six semaines plus tard, les 300 évêques qui s’étaient rassemblés à Nicée, en 325, se mirent d’accord sur la doctrine de la trinité après de longues négociations. Le Dieu des chrétiens était désormais constitué de trois natures différentes, sous la forme du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
L’Église fait acte d’autorité
La question était toutefois loin d’être réglée, en dépit des espoirs nourris par Constantin à cet égard. Arius et le nouvel évêque d’Alexandrie, un homme nommé Athanase, se mirent à se disputer à ce sujet alors même qu’on signait le Symbole de Nicée. Le terme « arianisme » devint, dès ce moment, le terme de référence pour quiconque n’adhérait pas à la doctrine de la trinité.
Ce n’est pas avant l’an 451, au Concile de Chalcédoine, qu’avec l’approbation du Pape, le Symbole de Nicée fut officialisé. Les débats sur le sujet ne furent plus tolérés. Désormais, parler contre la trinité était un acte de blasphème, qui se méritait un châtiment exemplaire pouvant aller de la torture jusqu’à la mort. Des chrétiens se retournaient maintenant contre d’autres chrétiens, torturant et tuant des milliers de personnes pour une différence d’opinion.
Le débat se poursuit malgré tout
La menace de sévères châtiments et même de peine de mort ne suffirent pas à faire totalement cesser la controverse au sujet de la trinité et cette controverse est d’ailleurs toujours d’actualité.
Lorsqu’on leur demande d’expliquer cette doctrine, la majorité des chrétiens se contentent de répondre : « J’y crois parce que c’est ce qu’on m’a enseigné ». Ils font aussi souvent référence à un « grand mystère », bien que la Bible affirme, dans 1Corinthiens 14:33 :
« …« Mais Dieu n’est pas comme une tarte ou une pomme que l’on peut diviser en parts ou en quartiers, qui forment un tout. Si Dieu était trois personnes ou était constitué de trois parties, Il ne serait assurément pas l’Unique, l’Indivisible, tel qu’Il se présente et auquel le christianisme prétend croire. »[1]
Si nous regardons la chose d’un autre angle, la trinité fait de Dieu trois entités distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais si Dieu est le Père et le Fils, cela veut dire qu’Il est le père de Lui-même, car Il est Son propre fils. Voilà qui défie toute logique.
Le christianisme prétend être une religion monothéiste. Pourtant, la croyance fondamentale du monothéisme veut que Dieu soit Un. La doctrine chrétienne de la trinité est donc perçue, par l’islam, comme une forme de polythéisme. Les chrétiens n’adorent pas un Dieu unique, ils en adorent trois.
Les chrétiens ne prennent pas cette accusation à la légère. Ils accusent d’ailleurs les musulmans de ne rien comprendre à la trinité, soulignant que le Coran a sa propre trinité dans Allah le Père, Jésus le Fils et Marie la mère. Tandis que la vénération de Marie fut introduite dans l’Église catholique en l’an 431, alors qu’on lui donna le titre de « Mère de Dieu », lors du Concile d’Éphèse, une étude plus approfondie des versets du Coran les plus souvent cités par les chrétiens pour soutenir leurs accusations démontre que l’identification de Marie en tant que « membre » d’une supposée trinité n’est tout simplement pas fondée.
Le Coran condamne à la fois le trinitarianisme (4:171; 5:73)[2] et l’adoration de Jésus et de sa mère, Marie (5:116)[3], mais ne fait aucune référence, nulle part, à trois membres d’une trinité (ni aux composantes de la trinité chrétienne). La position du Coran est que peu importe quoi ou qui compose une quelconque trinité; ce qui importe est que la notion même de trinité est un affront au concept d’unicité de Dieu.
En conclusion, il est donc évident que la doctrine de la trinité est un concept entièrement conçu par l’homme et qu’aucun ordre de Dieu n’est parvenu aux hommes en faveur de cette doctrine, tout simplement parce que l’idée même de la trinité n’a aucune place dans le monothéisme. Dans le Coran, qui est la dernière révélation de Dieu à l’humanité, Dieu affirme très clairement Sa position, à cet égard, dans plusieurs passages :
…votre Dieu est un Dieu unique. Quiconque espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il L’adore sans rien Lui associer
(Coran 18:110)
N’attribue donc pas d’autres divinités à Dieu, sinon tu seras jeté dans l’Enfer, blâmé et réprouvé
(Coran 17:39)
…car, tel que Dieu le répète à maintes reprises, dans toutes les Écritures révélées :
Et Je suis votre Seigneur; alors adorez-Moi
(Coran 21:92)
FOOTNOTES:
- What Everyone Should Know About Islam and Muslims (Library of Islam, 1985) (pp. 183-184)
- « Ô gens du Livre! N’exagérez pas dans votre religion et ne dites, sur Dieu, que la vérité. Le Messie, Jésus fils de Marie, n’était qu’un messager de Dieu, Sa parole qu’Il transmit à Marie et un esprit provenant de Lui. Croyez donc en Dieu et en Ses messagers, et ne dites plus « Trois ». Cessez! Ce sera bien mieux pour vous. Votre Dieu est un Dieu unique. Il est trop parfait pour avoir un fils. C’est à Lui qu’appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Et Il suffit comme protecteur. » (Coran 4:171)
- « Et lorsque Dieu dira, [au Jour de la Résurrection] : « Ô Jésus, fils de Marie! Est-ce toi qui as dit aux gens : « Prenez-nous, ma mère et moi, pour deux divinités en dehors de Dieu » ? Il dira : « Gloire à Toi! Il ne m’appartenait pas de déclarer ce que je n’avais aucun droit de dire. Si je l’avais dit, Tu l’aurais su, certes. Tu sais ce qu’il y a en moi, mais je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. Certes, Toi et Toi seul connais l’invisible. » (Coran 5:116)