Les convictions des tendances chrétiennes modernes
Les convictions des tendances chrétiennes modernes
Toutes les tendances chrétiennes qui croient de nos jours à la Trinité disent que Dieu est Seul dans son Essence, mais qu’il est triple dans ses hypostases. Le Père est la première de ces dernières, le Fils ou (Verbe) en est le second et l’Esprit Saint occupe la troisième position. Elles croient que les trois forment un seul Dieu, mais de grandes différences concernant la nature de Jésus les opposent. L’idée de sa déité fut décidée au concile de Nicée. Les Chrétiens restèrent perplexes devant la nature de cette union et devant l’origine qui donna naissance à cette émanation qui a conduit à cette déification. Arrêtons-nous quelque temps avec les grandes Eglises de la Chrétienté pour voir la naissance de chacune d’elles et pour remarquer les dissemblances qui les séparent.
I) Les orthodoxes
Ce sont les adeptes des églises orientales. Le vocable orthodoxe est latin et signifie : «véritable» ou «celui dont les convictions sont droites» ou encore : «doctrine de la vérité». Les orthodoxes sont répartis en Russie et en général, en Asie, en Serbie, en Egypte et en Ethiopie. Ils sont dirigés par quatre grandes Eglises, chacune d’elles ayant à sa tête un patriarche : Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
Lors du cinquième concile de Constantinople en l’an 879, l’Eglise orthodoxe se scinda en deux ailes : l’Eglise égyptienne ou copte et l’Eglise de Constantinople, appelée byzantine ou grecque. Les convictions des orthodoxes reflètent d’une façon honnête toutes les décisions du concile de Nicée et concordent avec le fond des lettres d’Anathase qui, juste après le concile en question, a siégé à Alexandrie en tant que pape.
Les croyances des Orthodoxes et leurs divergences avec les autres écoles:
1°) Dieu est unique dans son Essence et se compose de trois hypostases : le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
2°) Les Orthodoxes égyptiens pensent que le Christ a une seule volonté et une seule nature. L’union des deux s’est opérée d’une façon miraculeuse sans mélange ni modification.
3°) Saint Cyrille d’Alexandrie qui a présidé le concile d’Ephèse en 430 a dit : «Nous affirmons que les deux natures du Messie sont unies et nous certifions que le Verbe incarné possède une seule nature.[1]»
4°) Les Orthodoxes de Russie et d’Europe (Eglise de Constantinople) croient que Jésus a deux natures et deux volontés, comme il a été décidé lors du concile de Chalcédoine, en 451. L’Eglise égyptienne a refusé ces décisions alors que leurs frères romains les ont acceptés.
5°) Les Orthodoxes croient que l’Esprit Saint est engendré par le Père.
6°) Ils croient en la validité des sept livres apocryphes des Catholiques, mais ils utilisent dans leurs dogmes et leurs prêches la version de la Bible des Protestants qui a annulé ces livres.
7°) Ils croient aux sept sacrements : le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, l’Ordre, le Mariage, la Pénitence et l’Onction des malades.
II) Les Catholiques :
Ce sont les adeptes des églises occidentales supervisées par le pape du Vatican. Le mot catholique est d’origine latine et exprime deux idées : «l’universel» ou «le général». Les Catholiques sont dispersés un peu partout dans le monde, mais leur grande majorité habite en Europe.
Cette Eglise est née après sa séparation de l’Eglise-mère à la suite d’un long différend politico-religieux. Celui-ci débuta lorsqu’en 395 l’empereur Théodose divisa l’empire entre ses fils Arcadius et Honorius. Le premier hérita la partie orientale avec Constantinople comme capitale et le second reçut l’aile occidentale et conserva Rome comme capitale. Ce litige perdura jusqu’au quinzième siècle.
La lutte et la concurrence commencèrent entre les deux centres. En 451, à la fin du concile de Chalcédoine, l’Eglise égyptienne fut la première à se détacher des autres. Elle affirmait que Jésus avait une seule nature et rejeta les dires de l’ensemble des conciliaires qui prétendaient que le Messie avait deux natures et deux volontés. Toutes les Eglises orientales suivirent l’exemple égyptien après les deux conciles de Constantinople en 869 et 879 car les Occidentaux maintenaient, avec vigueur, que l’Esprit Saint est issu du Père et du Fils, en même temps[2].
Les grandes divergences qui opposent les Catholiques aux Orthodoxes
I) Les Catholiques croient comme roc que Jésus a deux natures et deux volontés : divines et humaines Les Catholiques sont persuadés que le Fils de la Sainte Vierge est un Dieu, au vrai sens du mot et un homme parfait dans lequel la nature humaine s’est unie avec la nature divine.
II) Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont les trois hypostases éternelles de Dieu. Seul le Fils est apparu sous la forme d’un homme.
III) L’Esprit Saint provient du Père et du Fils et il leur est égal.
IV) Les fauteurs n’accèderont au Paradis qu’après leur purification dans un petit enfer situé quelque part dans la terre et appelé le purgatoire. Une fois purifiées, les âmes des désobéissants seront alors autorisées à pénétrer dans l’Eden paradisiaque.
V) Les prières des prêtres feront éviter les souffrances aux transgresseurs, ce qui a entraîné l’élaboration des Indulgences décidé au douzième concile qui s’est tenu en 1215 à Latran[3].
VI) Le pape du monde occidental et demeurant dans la cité du Vatican est, pour les Catholiques, est infaillible car il a hérité l’autorité de Pierre, ce dernier l’a reçue de Jésus en personne. (Voir Matthieu 16/29) Les églises catholiques sont, pour cela, appelées également églises de Pierre.
VII) Les Catholiques vénèrent la vierge Marie et la nomment : «la mère de Dieu» ou encore «la fiancée de Dieu». Ils accomplissent des prières et entonnent des psaumes à son intention.
VIII) Les Catholiques reconnaissent les liturgies et autres pratiques religieuses des Orthodoxes comme le baptême, le souper divin et autres… Le concile de Trente, en 1547 a reconnu leur légitimité et a permis aux Catholiques de vénérer les images et les icônes[4].
III) Les Protestants :
Ils étaient, à l’origine, adeptes de la religion chrétienne. Le vocable protestant est anglais et signifie les contestataires. Ils se détachèrent de l’Eglise catholique au milieu du seizième siècle à la suite d’une succession de protestations et de dénonciations dirigées contre les actes révoltants des papes du Vatican. Rappelons quelques tentatives de réformes qui ont eu lieu en Europe et qui ont préparé la naissance du Protestantisme.
1°) La réforme de Gérard dans l’église de Lorraine en 914. Elle fut contemporaine à celle effectuée par Cluny. Puis deux mouvements de réforme virent le jour dans le Sud de La France : les Cathares et les Albigeois; la papauté les opprima et réussit à les faire taire à jamais.
2°) La création, au treizième siècle, de l’ordre des prêtres (les frères) qui réclamait la simplicité dans les pratiques religieuses, la protection de l’Eglise contre les hérétiques et le renforcement de la papauté par les croyants sincères. Cependant, vers la fin de ce siècle, les promoteurs du mouvement tombèrent dans les vices qu’ils avaient condamnés et se trouvèrent à la tête de fortunes colossales. Celles-ci les induirent en erreur et les poussèrent dans des voies négatives, contraires à la lettre et à l’esprit de la religion et de la morale.
3°) En 1383, le réformateur Jean s’est éteint, il avait été, auparavant, ex-communié avec ses adeptes. Après lui, Jean Hus quémanda la suppression des Indulgences[5] que le pape Jean XXIII [6]employa lors de sa guerre contre le royaume de Naples. Jean Hus fut brûlé vif en 1415.
4°) Au début du seizième siècle, le moine allemand, Martin Luther partit à Rome, pour y accomplir une sorte de pèlerinage. Il pensait fermement y trouver la propreté, la pureté et l’humilité. Il fut énormément surpris par le quotidien de la capitale du Christianisme. Il cria sur tous les toits que Rome ne professait pas la religion transmise aux hommes par Jésus. Il retourna chez lui et se mit à inviter ses compatriotes à la réforme de la religion. Il attaqua les Indulgences et les considéra comme des pots-de-vin. Un grand nombre de personnes adhérèrent à ses avis et se groupèrent autour de lui. Ils furent désignés par le nom des contestataires ou Protestants. Le Suisse Zwingli et le Français Calvin, né en 1509, furent séduits par les positions du moine allemand et se rangèrent de son côté. Calvin fut le grand organisateur de l’Eglise protestante.
Les idées de la Réforme se répandirent, en particulier, en Allemagne, en Ecosse, en Norvège et en Hollande. Mais d’une façon générale, les Protestants sont des Chrétiens qui se distinguent des Catholiques par des caractéristiques dont les plus importantes sont :
1°) Ils croient en la Bible –l’un des piliers du Christianisme –mais ne pratiquent pas ses prescriptions. Ils rejettent catégoriquement les Indulgences et l’infaillibilité du pape.
2°) La possibilité pour tout un chacun de lire la Bible, de la comprendre et de l’expliquer sans recourir à l’exégète de la papauté.
3°) Les sept livres apocryphes ne sont pas canoniques aux yeux des Protestants. Ils préfèrent la Torah hébraïque au détriment de la grecque.
4°) Ils ne reconnaissent pas la valeur de certaines vénérations et de certains rites des Catholiques comme l’absurdité du souper divin, l’adoration des images et de Marie, de la souffrance de l’homme pur et des mystères de l’Eglise.
5°) Ils considèrent les bonnes actions comme étant le résultat de la foi mais qu’elles ne suffisent pas pour garantir le salut de celui qui les accomplit.
6°) Toute église protestante est indépendante et n’est subordonnée à aucune autre.
7°) Ils interdisent la prière avec une langue que les orants ne comprennent pas, telle la syriaque ou la copte. Ils pensent que la prière doit s’effectuer, obligatoirement, dans la langue parlée et écrite du pays.
8°) Ils rejettent le célibat et exige le mariage aux hommes du culte, cette attitude est, à leur avis, l’une des conditions essentielles en vue de la réforme de l’Eglise.
9°) Comme pour les Catholiques, ils croient que l’Esprit Saint émane du Père et du fils et que le Christ possède deux natures et deux volontés[7].
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[1]) La véritable opinion sur Jésus de Gharbâl Abdelmassîh – Page : 60.
[2]) Voir :
a) Le Judaïsme et le Christianisme de Mohammed Dhyâ’ Er-Rahmâne El-A‘dhamî –pages : 398.
b) Ô croyants adoptons une formule commune de Raouf Chalabî – Page : 240.
c) Conférences sur la comparaison des religionsde Ibrahîm Khalîl Ahmed –Page : 11
[3]) Il s’agit du palais résidentiel des Papes situé à Rome (Vatican). Il abrita cinq conciles : 1123 ; 1139 ; 1179 ; 1215 et 1517. (N.T)
[4]) Voir :
a) Ô croyants adoptons une formule commune de Raouf Chalabî – Page : 261/262.
b) Le Judaïsme et le Christianisme de Mohammed Dhyâ’ Er-Rahmâne El-A‘dhamî –pages : 403/406.
[5]) Remise totale ou partielle de la peine temporelle due aux péchés.- Petit Larousse illustré : 1983- Page 524. (N.T)
[6]) Il Dirige le concile de Pise. Prétend rendre la paix au concile de Constance. S’enfuit du concile et est déposé par celui-ci. Le concile se proclame supérieur au pape : condamne Wyclif et Jean Hus. Il dépose le pape d’Avignon Benoît XIII (1417). Il décide la réunion d’un conclave. (Thésaurus Index III – page XXXVIII). (N.T)
[7]) Voir :
a) Ô croyants adoptons une formule commune de Raouf Chalabî – Page : 262/270.
b) Le Christianisme de Ahmed Chalabî – pages 202 et 217/219.
c)Le Judaïsme et le Christianisme de Mohammed Dhyâ’ Er-Rahmâne El-A‘dhamî –pages : 408/410.